Coucou cher(e)s fans de poésie,
En ce vendredi de pont, j'espère que vous profitez bien de ce temps estival. Le climat est idéal pour bouquiner et lézarder au bord de l'eau.
Et c'est en flânant dans ma bibliothèque à la recherche d'un nouveau roman à lire que je suis tombée sur mon exemplaire des Illuminations d'Arthur Rimbaud. Un pur plaisir de redécouvrir la plume si particulière de ce visionnaire.
Parmi ce recueil j'ai choisi un poème dont la prose obscure souvent reprochée au poète revêt une polysémie intéressante puisqu'elle offre une interprétation plus actuelle.
Il fût écrit entre 1872 et 1875 au moment où le régime démocratique se réinstalle en France sous la IIIe République au prix du rejet des revendications égalitaires. La jeune République tâchée du sang versé des communards s'appuie sur l'exploitation des colonies, symbole de progrès, pour affirmer ses valeurs.
La force de ce poème réside dans la lucide et crissante analyse de Rimbaud.
Une façon de se rappeler que la légitimité n'est jamais absolue et surtout qu'elle ne légitime et ne justifie pas tout. Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir et l'opposition est parfois nécessaire.
"Le drapeau va au paysage immonde, et notre patois étouffe le tambour.
"Aux centres nous alimenterons la plus cynique prostitution. Nous massacrerons les révoltes logiques.
"Aux pays poivrés et détrempés ! - au service des plus monstrueuses exploitations industrielles ou militaires.
"Au revoir ici, n'importe où. Conscrits du bon vouloir, nous aurons la philosophie féroce ; ignorants pour la science, roués pour le confort ; la crevaison pour le monde qui va. C'est la vraie marche. En avant, route !"
Arthur Rimbaud, Démocratie
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