Cher(e)s ami(e) de la poésie,
nous nous retrouvons en ce vendredi pour notre rendez-vous hebdomadaire consacré à cet art du verbe et des jolis vers.
J'ai choisi de vous présenter aujourd'hui un poème de Charles Baudelaire sur le temps qui passe, cruel et assassin. Ce temps qui s'enfuit et jamais ne revient.
J'ai souvent le sentiment de manquer de temps. Les journées sont déjà terminées alors que je n'ai pas pu faire le quart des choses que j'avais prévues!
C'est terriblement frustrant, ne trouvez-vous pas?
Si vous cherchez ce poème, vous le trouverez dans Les Fleurs du Mal, Spleen et idéal, LXXXV
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
"Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
"Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
"Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
"Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
"Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! "
Baudelaire, L'horloge
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